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Le jeu des échecs moralisé traduit par Jean de Vignay, édition critique d'un texte représentatif de la culture du XIVe siècle
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- Ce mémoire consiste en une édition critique du Jeu des échecs moralisé de Jean de Vignay. Ce texte en moyen français, écrit autour de 1340, est une traduction d’un traité médiéval de Jacques de Cessoles, le Libellus de moribus hominum et officiis nobilium ac popularium super ludo scachorum. Le principe de l’œuvre repose sur celui de l’exégèse biblique : il s’agit de dévoiler le sens moral caché dans la pratique du jeu d’échecs. Dans ce cadre, l’échiquier représente la société idéale et chacune de ses pièces est associée à une catégorie sociale bien précise. Une par une, les pièces du jeu sont décrites pour mettre en lien tous leurs attributs et leurs déplacements de base avec une signification morale. Le tout est rehaussé d’une centaine de petites anecdotes exemplaires et historiques destinées à inculquer ces leçons morales par le biais du divertissement. La traduction de Jean de Vignay présente un grand intérêt au niveau de l’histoire de la langue française. Ce traducteur prolifique a en effet laissé derrière lui onze œuvres qui fourmillent de régionalismes normands et de néologismes. Elles sont donc représentatives de l’enrichissement du français au XIVe siècle. Pourtant, jusqu’au dernier tiers du XXe siècle, Jean de Vignay a suscité peu d’enthousiasme : il était considéré comme un mauvais traducteur sachant à peine parler le latin et le français. Ce jugement a depuis lors été réévalué. Tout le corpus de Jean de Vignay est donc à exploiter ou à réexploiter en tenant compte des avancées considérables de ces dernières décennies concernant l’histoire de la traduction vers le moyen français. Le jeu des échecs moralisé avait été édité une première fois en 1974 à une époque où Jean de Vignay était encore considéré comme un écrivain de second ordre. Nous proposons donc une nouvelle édition qui se veut la plus respectueuse de la langue du traducteur. Dans ce cadre, les innovations lexicales, négligées dans l’édition précédente, ont bénéficié d’une attention accrue. Nous avons également tiré parti des éditions critiques les plus récentes portant sur d’autres textes de Jean de Vignay. Ces études nous ont permis de saisir les lignes directrices des techniques de traduction de celui-ci, de sorte à identifier des constantes et des particularités dans la façon dont Le jeu des échecs a été traduit. Par ailleurs, notre édition s’appuie sur une méthodologie répondant aux normes éditoriales actuelles. Pour ce faire, une nouvelle collation intégrale de cinq manuscrits a été menée afin de préciser les zones d’ombre qui subsistaient dans la tradition manuscrite. Cette étude a, par la même occasion, tenu compte de la façon dont le texte a évolué en enregistrant dans l’apparat critique un maximum de variantes. Le texte que nous proposons s’accompagne d’un dossier de notes destinées à clarifier les choix philologiques, à commenter certains points de traduction, et à identifier les sources mobilisées par Jacques de Cessoles et par Jean de Vignay. Pour terminer, le glossaire représente une part importante du travail. Il est censé guider le lecteur dans la découverte de ce texte parfois compliqué, mais il peut également servir de base à des études lexicographiques plus approfondies.